Anis se fait bénévole en Afrique et en
Israël
A la sécurité du cocon familial, Anis Mungapen, 19 ans, a
préféré les leçons de vie des démunis.
Il a consacré seize mois de sa vie au service de la
société à l'étranger.
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Le désir de servir les autres habite
Anis Mungapen depuis l'enfance. |
"Une structure qui permettrait aux jeunes de faire du
bénévolat à l'étranger aiderait à
canaliser leur énergie et à éviter qu'ils tombent dans
les pièges de l'alcool ou de la drogue..." C'est ainsi qu'Anis
Mungapen, 19 ans, résume l'expérience qu'il a vécue 16
mois durant. Ce jeune homme qui aime aller au fond des choses, revient
d'Haïfa, en Israël où il a séjourné onze mois
après avoir passé cinq mois en Afrique, en Côte-d'Ivoire.
De fructueux moments qu'il a consacrés au service communautaire,
grâce à un programme établi par la communauté
Bahàïe dont il est membre.
Ce désir de servir les autres habite Anis depuis l'enfance. A
l'époque, raconte-t-il, il suivait ses parents dans leurs
pérégrinations en terre africaine. "Il paraît
que quand j'étais petit, je disais à ma mère que je
voulais devenir médecin et avoir une grosse voiture remplie de
médicaments pour les distribuer aux Africains qui souffrent",
raconte-t-il.
Côtoyer d'autres réalités
Quand ses parents reviennent s'établir à Maurice, le petit
Anis a cinq ans. Il effectue sa scolarité primaire à
l'école Philippe Rivalland et achève ses études
secondaires à l'Ecole du Nord et au Lycée Labourdonnais.
Tous les week-ends, l'adolescent suit ses parents engagés dans divers
projets de la communauté Bahaïe aux quatre coins de l'île.
Ces déplacements lui permettent de voir au-delà de son petit
monde et de côtoyer d'autres jeunes. "Cela m'a aidé
à rencontrer des jeunes différents de ceux qui
fréquentent le Lycée Labourdonnais et à découvrir
leurs réalités."
Pour Anis, accompagner ses parents dans leurs activités est une chose
normale. Il trouve donc logique, à la fin de son baccalauréat
scientifique, de se consacrer au service communautaire. "Dans la vie de
tout jeune, il y a un moment où il déborde d'énergie et
dispose de temps libre. Autant le consacrer aux autres. Cette idée ne
m'a jamais quitté. Il me fallait tout simplement franchir le
pas", dit-il.
Comme la communauté Bahaïe dispose d'une structure d'encadrement
à cet effet, il se porte volontaire et opte pour un séjour en
Afrique et en Israël.
De village en village
On l'envoie d'abord cinq mois durant en Côte-d'Ivoire où il est
chargé d'aider la communauté bahaïe locale à
identifier les besoins de la population. Anis va de village en village et
participe à des projets sociaux menés conjointement par les
Bahaïs et d'autres organisations non gouvernementales. Alors qu'il est
supposé effectuer cinq autres mois de bénévolat au
Cameroun, il choisit de se rendre en Israël où ses services ont
été acceptés, au centre mondial bahaïe, à
Haïfa.
Vu sa grande taille, il est affecté au département de
sécurité sur le vaste domaine qui abrite le tombeau du Bab,
l'un des deux fondateurs de la religion bahaïe.
Le domaine, situé sur le Mont Carmel, comprend 19 jardins suspendus
qui s'étendent sur un kilomètre de dénivelé.
Gardien de sécurité, il doit également se tenir
prêt à aider le public à tout moment. "Près
de 2 000 personnes visitent quotidiennement le tombeau du Bab. Il me fallait
canaliser la foule et veiller à ce qu'il n'y ait pas d'incidents
graves, tels que des chutes dans les fontaines ou dans les escaliers."
Durant les cinq derniers mois de son séjour, il est affecté
au poste central du domaine. Là il passe ses journées ou ses
soirées, selon sa rotation, à suivre sur des moniteurs les
images transmises par les caméras de surveillance. "L'organisation
est parfaitement rodée et nous n'avons jamais craint le pire. Nous
avons tous été formés pour parer à toutes les
éventualités", explique Anis.
Pris en charge par l'administration bahaïe, le jeune homme a l'occasion
de rencontrer d'autres volontaires comme lui, venant des pays les plus
retirés du globe, dont la Mongolie. Il se lie d'amitié avec des
Juifs, des Arabes et des Chrétiens et les seuls échos des
affrontements entre Israéliens et Palestiniens, il les reçoit
aux informations télévisées.
Anis est rentré au pays il y a deux semaines. Il se sent plus
responsable, plus mature et a le sentiment d'avoir davantage reçu que
donné. Bien qu'il parte prochainement étudier les sciences de
la matière à l'université de Strasbourg, il veut
continuer à servir les autres, gratuitement.
Il trouve dommage qu'il n'existe aucune structure à Maurice qui permet
aux jeunes d'effectuer du travail bénévole comme il a eu la
chance de le faire.
Marie-Annick SAVRIPÈNE
©Copyright 2001, La Une de L'Express
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